Histoire d’un nom
Historiquement, le territoire de la vallée d’Abondance est inclus entre le verrou glaciaire des Portes et le Pas de Morgins selon l’acte de donation de la vallée aux chanoines augustins en 1108.
L’église de cette grande paroisse se trouve alors aux Frasses, partie centrale entre ses confins.
Au début du XIIIe siècle, des débats entre Aymon de Grandson, évêque de Genève et l’abbaye d’Abondance ont lieu au sujet de la nomination du prêtre à l’église des Frasses. Les délégués des moines s’opposent à la nomination par l’évêque en se fondant sur les droits que, suivant leur dire, l’abbaye exerce depuis 40 ans, (1178-1180). Le conflit durera plusieurs décennies.
Finalement, le pape Innocent IV (1243-1254) tranche en faveur de l’abbaye mise sous sa protection.
L’église St Maurice des Frasses est déclassée en église secondaire et devient La Chapelle des Frasses. L’église Sainte Marie du monastère reçoit la primauté paroissiale.
Dans les siècles qui suivent, le nom de la paroisse s’associe parfois avec celui de la vallée pour devenir La Chapelle d’Abondance.
Sous la Terreur révolutionnaire, le village prend le nom de Mont d’Or mais retrouve son appellation de La Chapelle quelques années plus tard. La Chapelle en Chablais apparait aussi au cours du XIXe siècle.
Le décret du 27 février 1961 paru dans le Journal Officiel du 4 mars 1961 officialise le nouveau nom de la commune : La Chapelle d’Abondance.
De la paroisse à la commune
Une première scission paroissiale existe au moment de la reconstruction de l’église à l’endroit actuel des Contamines au tout début du XVe siècle. Mais l’indépendance vis à vis de l’abbaye ne sera effective qu’après la venue de l’évêque François de Sales († 1622) au XVIIe siècle. Il autorisera aussi la création de la paroisse de Châtel qui devient effective quelques decennies plus tard).
Afin de mieux cerner la fiscalité de ses états, Victor Amédée II roi de Piémont Sardaigne décide de cadastrer ses propriétés territoriales.
La Chapelle et Châtel sont effectivement deux paroisses distinctes depuis 1645 mais ne forment cependant qu’un seul corps de communauté au regard de l’administration sarde. Le projet de créer des communes va s’appuyer sur les limites des paroisses. Cette délimitation des futures communes est l’indispensable préalable à la cadastration.
Dans l’Edit de Péréquation du 15 septembre 1738, l’article 4 stipule que les chefs-lieux des bourgs et paroisses ne soient pas soumis à l’impôt.
Plusieurs villages du Haut-Chablais en profitent pour réclamer d’être érigés en commune à part entière et invoquent l’éloignement et la difficulté de prendre part aux décisions de la communauté.
La Chapelle dépasse 70 km2 et fait partie des communes les plus lourdement imposées en Chablais.
Le 21 juillet 1740, le roi Charles-Emmanuel III publie des Lettres patentes pour l’établissement de nouvelles communautés et la séparation de leurs territoires et cadastres. Ainsi naît la commune de Châtel. Au-delà des difficultés concrètes classiques liées à la distance à couvrir, ce sont bien les avantages fiscaux promis aux habitants du chef-lieu qui sont mis en cause.
L’Ordonnance du 23 octobre 1741 de l’Intendant Général de Savoie Gaspard Marie Bonaud légalise cette séparation en deux corps de communautés économiques et politiques.
Partage des communaux
Dans l’acte de séparation administrative de 1741 il est stipulé que les communaux (alpages, forêts et carrières) restent en indivision entre les deux communes. Les revenus et les impositions sur ces communaux répondent à une règle de répartition comme suit : 3/5 pour La Chapelle et 2/5 pour Châtel. Pourtant, au fil des ans, la nécessité d’un partage parait évidente. Le Tribunal du Chablais rend un verdict dans ce sens le 9 août 1845, un siècle plus tard. Mais le partage des carrières s’opèrera seulement à la fin de ce XIXe siècle.
1860, la Savoie devient française
Le nouveau canton d’Abondance épouse les contours de l’ancien Mandement de l’époque sarde avec les mêmes huit communes : Vinzier, Bernex, Chevenoz, Vacheresse, Bonnevaux, Abondance, La Chapelle et Châtel. Vinzier rejoint le canton d’Evian en 1876 et Bernex en 1948.
Déjà projetée sous l’Ancien Régime, la maison de commune devient la première mairie construite aussitôt le Rattachement et accueille l’école des garçons.
Du XXe siècle à nos jours
Après les deux guerres mondiales, la commune entre dans une nouvelle économie dès les années 1950. Une mairie/salle des fêtes est inaugurée en 1956.
Le tourisme d’hiver s’impose. Durant la saison d’hiver 1959-1960, la commune inaugure son premier téléski du Clos Baron qui est aussi un télélait pour descendre le lait de l’alpage durant l’été. L’Association Internationale des Portes du Soleil est créée en 1964.
Après l’ouverture du domaine skiable de Braitaz relié à Torgon en Suisse, La Chapelle fait son entrée dans le domaine relié des Portes du Soleil. Les remontées mécaniques font partie du paysage.
Les communes se regroupent pour réaliser des équipements structurants. La première association de communes du canton d’Abondance fut un SIVU (Syndicat Intercommunal à Vocation Unique) réunissant en 1974 les communes de La Chapelle et Châtel pour la construction de la station d’épuration de Miolène.
1987 : transformation de ce SIVU en SIVOM (syndicat intercommunal à vocations multiples) pour y intégrer la réalisation et la gestion d’équipements sportifs.
1997 : le SIVOM devient SICVA, (Syndicat Intercommunal à la Carte de la Vallée d’Abondance) auquel adhèrent aujourd’hui les six communes de la vallée.
En 2003, La Chapelle et l’ensemble de la vallée d’Abondance est labellisée Pays d’Art et d’Histoire.
2013 : création de la première Communauté de Communes de la vallée d’Abondance (2CVA).
Les élections de mars 2015 imposent une nouvelle restructuration départementale. Dorénavant, la vallée d’Abondance fait partie du canton élargi d’Evian.
En 2017 la vallée d’Abondance et le Pays d’Evian fusionneront en une nouvelle Communauté de Communes de près de 40 000 habitants.
Les aménagements touristiques, hôtelleries et commerces, renforcent l’attractivité des domaines skiables alpins et nordique.
Le pastoralisme traditionnel est valorisé de même que les paysages
Le massif des Cornettes de Bise et de la Dent d’Oche est classé Site Naturel Remarquable par décret du 2 août 2013.